"'Ne met pas de l’huile qui veut' : retour aux origines du métier de prestataire de services logistiques", Chapitre 27, in Gilles PACHÉ (Coordonné par). Collection "Droits, pouvoirs et sociétés".[Ouvrage labellisé FNEGE en 2018 par le « Collège de Labellisation des Ouvrages de Management – Catégorie Ouvrage de Recherche Collectif »].

International audienceVoilà un titre surprenant pour un chapitre d’ouvrage publié par des presses universitaires réputées, alors que la tendance des publications dans le monde académique est plutôt au conformisme et au politiquement correct. Et pourtant ! Oui, « et pourtant » n’est-ce pas en ayant un regard décalé par rapport à celui de ses contemporains, en cherchant à voir autrement la « réalité » du moment tout en essayant d’imaginer celle qui caractérisera le contexte de « demain », que l’éminent professeur Jacques Colin fut un visionnaire hors pair (et parfois hors pairs) ? Depuis les années 1970, il n’a eu de cesse de donner à voir, non seulement la dimension stratégique de la logistique, mais il a su aussi convaincre avec beaucoup de pugnacité la communauté universitaire et bien au-delà (responsables au sein de notre Ministère de tutelle, responsables socio-économiques, responsables politiques, etc.) que la logistique était un métier singulier conditionnant l’efficience et l’efficacité de bon nombre d’entreprises et une source d’emplois prometteuse. Mais au fait, la logistique, qu’est-ce donc ? De quoi parle-t-on ? On la trouve aujourd’hui à toutes les « sauces », associée à toutes sortes de qualificatifs. Elle est à la fois opérationnelle, tactique et stratégique, industrielle et des services, de production et de distribution, amont et aval, intégrée et globale, hospitalière et humanitaire, urbaine et internationale, des retours et inversée, polluante et green, linéaire et circulaire, peer-to-peer et business, crowd et open, ou encore sportive, forestière, pétrolière, événementielle, etc.Alors… la logistique ? Oui, la logistique. Ce « truc » que l’on ne voit pas. Existe-elle vraiment au fait ? Allez savoir. Interrogé sur ce point à l’occasion de la récente sortie de l’ouvrage sur Les grands auteurs en logistique et supply chain management (Lavastre et al., 2016), le professeur Jacques Colin donna une réponse on ne peut plus imagée aux membres du laboratoire CRET-LOG en déclarant avec une pointe d’humour : « la logistique, c’est comme de l’huile dans un moteur, l’huile ne crée pas d’énergie, mais sans elle le moteur chauffe, se grippe et puis il finit par casser ». Face à une telle évidence, comment nier son existence ? Impossible désormais. Aussi, peut-on aisément en déduire que si la logistique est si incontournable que cela, tant pour les performances des entreprises que pour l’économie de marché, elle doit certainement faire appel à des compétences particulières. Dès lors… si on en faisait un métier à part entière ? C’est ce que ce chapitre s’efforce de mettre en lumière en revenant, dans un premier temps, sur l’externalisation logistique, véritable démarche stratégique aux origines du métier de prestataires de services logistiques (PSL). Dans un second temps, en tant qu’acteur qui se positionne à l’interface entre industriels, distributeurs et consommateurs, le PSL y est présenté comme un objet d’étude à part entière